Lorsqu’au cours d’une conversation, les gens entendent le mot rasta ou rastafari, la plupart du temps, machinalement, ils vont penser à tous les clichés négatifs ou positifs qui collent à la peau de ce mouvement et qui restent tenaces. Certains sont fondés tandis que d’autres sont beaucoup fantasmés ou exagérés. Notamment, que les rastas fument de la ganja du matin au soir, qu’ils sont sales car ils ne se lavent pas les cheveux pour porter des dreadlocks. Autres énormités, ils refusent de travailler car se sont des fainéants préférant écouter du reggae et notamment Bob Marley.
Le rastafarisme est un mouvement religieux et politique pour certains et pour d’autres une philosophie de vie, un mode de vie et un courant culturel, qui dans tous les cas, est très sain pour le corps et l’esprit. En vérité, chaque vie est respectée, aussi bien celle de l’homme que les autres êtres vivants et l’écologie est au centre de ses préoccupations. Elle transmet donc des valeurs universelles. D’autre part, il faut savoir qu’une très grande majorité des rastas ne fument qu’au cours de cérémonie religieuse. La ganja est aux rastas ce que le vin est aux chrétiens. Cette plante sacrée appelée « arbre de la vie » permet de méditer et d’entrer en communion avec le dieu Jah, qui selon les croyances, incarne le créateur. Il faut savoir également que certains rastas ne fument jamais, mais il est vrai qu’ils sont plutôt rares.
Pour couper court à une autre idée reçue précédemment cités, les rastas n’ont, pas plus que les autres, de problèmes d’hygiène corporelle et plus particulièrement capillaire. En effet, bien que leur dreadlocks soient formés en emmêlant les cheveux et en les enroulant, ceux-ci demandent une attention et un entretien tout particulier. Leur traitement requiert beaucoup plus de temps que les cheveux de tout un chacun. En effet, les négliger pourrait entraîner rapidement des maladies et l’apparition de parasites obligeant à opter pour une solution radicale, par exemple, se raser totalement la tête. L’important pour garder ses dreads, c’est de n’utiliser que des produits naturels comme le savon de Marseille, le savon d’Alep ou un savon blanc. Et bien entendu, il ne faut surtout pas utiliser de shampoing démêlant, mais plutôt des shampoings certifiés bio. Après chaque shampoing, les rastas utilisent de la wax pour graisser à nouveau les cheveux et faire en sorte que les mèches gardent leur forme en boudin. L’étape de séchage est quant à elle, très longue et assez fastidieuse. En effet, il faut tout d’abord les éponger soigneusement pour enlever le surplus d’eau avec un linge propre puis il faut les laisser sécher à l’air libre. En fonction de la météo et de l’épaisseur des dreads, cela peut prendre jusqu’à 48 heures !
Autre perception infondée, les rastas sont des personnes sectaires qui sont racistes et n’aiment pas les « blancs ». C’est tout à fait faux, le problème est surtout politique. Ce qu’ils rejettent en bloc, c’est ce qu’ils appellent « Babylone ». Ce terme désigne la civilisation occidentale fondée sur des valeurs capitalistes, la société de consommation, le productivisme à tous crin, le mercantilisme qui conduit à de grandes inégalités, à une élite d’être de plus en plus riche et aux pauvres d’être totalement dépossédés. Elle favorise aussi la surexploitation de l’environnement entraînant une destruction irraisonnée et programmée de la nature ainsi que de notre planète. Et bien entendu, les rastas s’opposent aux pays impérialistes, colonisateurs et pilleurs de richesse. Ils sont profondément attachés à la liberté de tous les peuples à disposer d’eux même, ils sont donc pour l’émancipation, mais aussi contre la guerre. Et évidemment, ils militent plus particulièrement pour la cause noire, puisque se sont leurs racines et que c’est le peuple d’Afrique qui a subi et continu à la faire, le plus d’oppression. Bref, vous l’aurez compris les rastas sont attachés à des valeurs éthiques et morales universelles que sont les droits de l’homme donc la liberté et l’égalité des peuples, la tolérance, la justice sociale, la fraternité, la paix, le respect, mais aussi, l’écologie, et en économie, la redistribution et la répartition équitable des richesses.
