La vie de Marcus Garvey, l’inspirateur du mouvement rastafari


 

Marcus Garvey milite pour la cause noire

 

Marcus Garvey est l’une des plus grandes figures historiques de Jamaïque. Il est considéré comme l’inspirateur du mouvement rastafari, mais aussi comme le père du panafricanisme. Ses pensées considérées parfois comme prophétiques ont largement influencé de nombreux afro-caribéens et afro-américains. D’ailleurs, il fut surnommé « The Black Moses » soit « Le Moïse noir ».

Marcus Mosiah Garvey est né un 17 août 1887 à Saint Ann’s Bay sur l’île de la Jamaïque. Ce cadet d’une famille de 11 enfants s’intéresse très jeune à la littérature et dévore la bibliothèque de son père. Il joue également de l’orgue dans l’église de son quartier. A l’âge de 14 ans, il commence à travailler comme apprenti dans une imprimerie, et rapidement, il prend la tête d’un mouvement de grève pour défendre les droits des salariés en réclamant aussi une augmentation de salaire. A 23 ans, avide de découverte, il parcourt l’Amérique du Sud de long en large et visite également la Grande-Bretagne.

Puis, de retour de son périple, soit 3 plus tard, il décide de s’engager politiquement pour la cause des noirs en fondant en 1914 le mouvement UNIA (Universal Negro Improvement Association). La devise de celui-ci  est : « One God ! One aim ! One destiny ! » c’est-à-dire « Un Dieu ! Un But ! Une Destinée ! »

Deux ans plus tard, il s’installe dans le quartier d’Harlem aux Etats-Unis où il va soulever une grande ferveur populaire chez la population noire grâce à ses qualités oratoires exceptionnelles. Au cours de ses meetings souvent enflammés, il encourage les afro-américains, pour la plupart descendants d’esclaves, à retourner dans le pays d’origine de leurs ancêtres et à être fiers de leurs racines et de leur histoire. Mais ses paroles qui font de très nombreux partisans à la fois aux Etats-Unis et en Jamaïque, sont parfois aussi décriées. C’est le cas, en particulier, lorsqu’il se lance dans des longues diatribes contre la civilisation occidentale, et puis surtout, lorsqu’il prône la séparation entre la population noire et la population blanche.

 

 

En 1916, il fait la prophétie suivante : « Regardez vers l’Afrique, où un roi noir sera couronné, qui mènera le peuple noir à sa délivrance. » Celle-ci se réalisa en partie avec le couronnement en Ethiopie de l’empereur Haïlé Sélassié Ier considéré par tous les rastafaris comme le roi des rois, le messie sur terre, la Puissance de la Trinité…

En 1918, il lance à New York le journal Negro World dans lequel il publie des articles dénonçant assez violemment les pays colonisateurs et la ségrégation raciale. En réponse, de nombreux pays occidentaux interdisent sa distribution.

En 1919, Marcus Garvey créé le Black Star Line, une société de transport maritime avec uniquement du personnel noir à bord. Celle-ci est censée faciliter le retour en Afrique des noirs américains ainsi que leurs biens. Le leader essayera même de convaincre certains pays d’Afrique comme le Liberia et l’Ethiopie d’allouer des terres pour les nouveaux venus. Mais cette tentative échouera. En 1920, il sera l’un des principaux porte-parole du mouvement « Back to Africa » toujours dans le but d’inciter les descendants d’esclaves noirs à émigrer vers la terre promise, le continent africain.

Marcus Garvey se fait un nom dans le monde entier, il s’immisce dans la politique intérieure de différents pays, mais il a de très nombreux détracteurs. Il se prononce en faveur du concept de la lutte des classes, soutiendra notamment Gandhi et Ho Chi Minh et citera en référence deux grands personnages historiques russes que sont Lénine et Trotsky.

La cote de popularité de Marcus Garvey va ensuite en prendre un sérieux coup en raison de sa citation dans de nombreuses affaires d’escroquerie et notamment dans le cadre de sa gestion calamiteuse de la compagnie Black Star Line qui fera banqueroute. En 1925, il sera alors condamné et incarcéré dans une prison d’Atlanta.

Puis en 1927, le Président américain Calvin Coolidge commue sa peine en un exil et une interdiction de territoire. Ainsi, il est donc rapatrié de force en Jamaïque. En 1935, alors que son mouvement UNIA perd de sa force, il part s’installer en Grande-Bretagne, où,  victime d’une crise cardiaque, il s’éteindra un 10 juin 1940.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Marcus Garvey n’aura jamais pu se rendre dans un pays africain. Les dirigeants des pays colonisés ou d’anciens pays colonisés faisant l’objet de nombreuses pressions pour ne pas le recevoir.

 

Affiche avec Marcus Garvey pour afro-américians