U-Roy est indubitablement l’une des figures incontournables de la scène reggae. Par sa musique et sa voix si particulière, il a marqué et il continue à le faire, plusieurs générations grâce à sa longévité exceptionnelle puisqu’il a 74 ans. Aujourd’hui, il collabore et influence toujours des grands artistes de la scène musicale internationale. Malheureusement, les très longues carrières comme la sienne sont trop rares chez les artistes jamaïcains et de surcroît rastafari. Bien d’autres grands personnages dans le monde du reggae comme Bob Marley ou Peter Tosh ont disparu avant d’arriver à la quarantaine.
U-Roy, de son vrai nom, Ewart Beckford, est né un 21 septembre 1942 à Kingston en Jamaïque. Il a débuté sa carrière professionnelle en tant que Deejay en 1960 pour différents sound system. Il a notamment travaillé avec King Tubby, un précurseur de la musique dub. Cette collaboration très fructueuse va permettre à U-Roy de se faire connaître du grand public, sous différents noms tels que The Originator, Daddy U Roy ou Hugh Roy. Il va ainsi populariser ce style musical si particulier appelé « deejaying » ou « toasting » que beaucoup considèrent comme l’ancêtre du rap, mais avant lui, également le ska, le dancehall, le ragga et le reggae.
En 1970, U-Roy est remarqué par le chanteur John Holt qui lui confie différents arrangements musicaux qui donneront naissance à des titres à succès comme « Wake the Town » ou « Wear You to the Ball » sous le label « Treasure Isle ».
U-Roy va ensuite lancer sa carrière internationale en collaborant avec des producteurs de tout premier ordre à l’époque comme Bunny Lee, Sonia Pottinger, Glen Brown, Phil Pratt, Rupie Edwards, Lloyd Daley et Alvin Ranglin. Il va sortir alors successivement en 1971 et 1972, sous le label Trojan, « Version Galore » ainsi que « Version Galore 2 » qui rencontreront un succès tout relatif. Le talent et le style bien particulier et innovateur de U-Roy vont influencer de manière irrémédiable la musique jamaïcaine et inspirer de nouveaux artistes de la scène locale tels que Scotty et Dennis Alacapone.
En 1973, U-Roy va s’exiler en Angleterre pour rejoindre sa mère installée à Londres qui était autrefois organiste dans une église adventiste, puis il va revenir à Kingston en 1975.
Après une courte période d’inactivité, U-Roy va sortir en 1975, l’album « Dread in a Babylon » produit par Prince Tony Robinson qui comprend les titres qui seront de véritables tubes comme « Chalice in the Palace », « Runaway Girl » ou « I Can’t Love », pour ne citer que les plus connus. Sur la couverture de celui-ci, on devine à peine l’artiste derrière une épaisse fumée échappant de la pipe de ganja qu’il est en train de fumer.
En 1976, il entame une tournée européenne et américaine avec le fameux groupe de ska et rock steady Toots and the Maytals. Il va alors définitivement asseoir sa popularité et imposer son style tellement novateur pour l’époque.
Puis, fortement influencé par le mouvement rastafari et la culture africaine et jamaïcaine, il sortira ensuite successivement 5 albums sous son propre label « Stur-Gav », « African Roots » en 1976, « Rasta Ambassador » en 1977, « Jah Son of Africa » en 1978, « With Words of Wisdom » en 1979 et « The Originator » en 1980 qui rencontrèrent un succès assez important à l’international et notamment aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
La carrière de U-Roy marqua ensuite une longue pause de 6 ans pratiquement, mais il continua à travailler et à contribuer à révéler de nouveaux grands DJ comme Josey Wales, Tappa Zukie, Gussie Clark, Prince Jazzbo ou Charlie Chaplin et à collaborer avec un grand nom de la musique dub, le guyanais Mad Professor.
En 1991, U-Roy fait son grand retour sur la scène grâce au concert donné au Hammersmith Palais de Londres qui rencontra un succès retentissant. En 1992, il quitte la Jamaïque pour s’installer sur la côte est des Etats-Unis à Los Angeles.
En 2004, il contribue à l’élaboration de l’album True Love produit par Richard Feldman qui reprend des grands titres du groupe Toots and the Maytals dans lequel participent des grands artistes internationaux comme Willie Nelson, Jeff Beck, Eric Clapton, Trey Anastasio, Rachael Yamagata , Ben Harper, Ken Boothe, Gentleman, No Doubt, Bonnie Raitt, The Roots, Manu Chao, Ryan Adams, Shaggy, Rahzel, Terry Hall, The Skatalites, Marcia Griffiths, Bootsy Collins et Keith Richards. Cette œuvre va remporter le titre du meilleur album reggae.
Encore aujourd’hui, grâce à son incroyable talent et ses facultés créatrices, U-Roy continue d’influencer la musique rap américaine.
